Mimsy Pocket et les enfants sans nom by Jean-Philippe Arrou-Vignod

Mimsy Pocket et les enfants sans nom by Jean-Philippe Arrou-Vignod

Auteur:Jean-Philippe Arrou-Vignod [Arrou-Vignod Jean-Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard Jeunesse
Publié: 2015-02-16T00:00:00+00:00


Chapitre 11

Mimsy s’éveilla en sursaut.

Une main la secouait tandis qu’une autre se plaquait sur sa bouche.

– Bouge pas.

Elle tenta de se dégager mais le petit Schwob, à demi couché sur elle, la tenait solidement.

– Chut ! articula-t-il, son visage si près du sien qu’elle pouvait sentir l’odeur aigre de son haleine. Bouge pas, tu vas nous faire poisser !

Elle roula sur le côté, le cœur cognant à grandes saccades.

– Fais plus jamais ça ou je…

Le petit Schwob, les cheveux hérissés de paille, lui enjoignit le silence d’un air suppliant.

– Sont là, chuchota-t-il. En bas !

Des éclats de voix montaient de l’écurie et l’air glacé du matin entrait par la porte entrouverte.

Mimsy pesta. Elle avait dû dormir comme une souche. Une chance encore qu’ils aient trouvé refuge dans le grenier à fourrage. D’en bas, nul ne pouvait soupçonner leur présence.

Avec mille précautions, elle rampa jusqu’à avoir une vue plongeante sur les box vides et le fourgon dételé.

Le corps de Bratsch avait été sorti et gisait au milieu de l’écurie, enroulé dans la vieille couverture de cocher dont dépassaient ses pieds nus.

– C’est qui, çui-là ? chuchota le petit Schwob avec effarement.

Elle le repoussa.

– La ferme. Je t’expliquerai.

Les hommes-loups faisaient cercle autour de la dépouille. À en croire leur tenue et leur mine verdâtre, ils avaient dû mener grand train toute la nuit dans quelque auberge du village.

Rath, le petit qui fumait le cigare, portait autour du cou les vieux godillots de Bratsch, attachés par un lacet comme une prise de guerre.

Ces chacals s’étaient laissé surprendre en train de déménager le corps, comprit Mimsy à leur air coupable. Par la femme à la voix coupante dont elle devinait les mouvements à travers les lattes disjointes du plancher.

– J’exige des explications, monsieur Smolensk.

– Un accident, m’ame. Y a rien de plus à dire que ça.

– Un accident ? Un enfant meurt pour échapper à vos mauvais traitements et vous avez le front d’appeler ça un accident ?

– Vous avez qu’à demander au gros Berg, se défendit Smolensk.

Son ton était un étrange mélange de crainte et de colère. Un tic agitait sa paupière couturée.

– Demandez-lui, répéta-t-il. Le Borgne, c’était de la mauvaise graine, une sale vipère qui…

Le sifflement d’une cravache le fit taire.

– Vous êtes ivre, monsieur Smolensk. Surveillez vos paroles ou je vous les ferai rentrer dans la gorge. Je vous le demande à nouveau : comment comptiez-vous vous débarrasser du corps de ce pauvre garçon ? En le jetant dans un fossé, comme une charogne ?

Les autres regardaient stupidement leurs bottes, ce qui parut décupler sa fureur.

– Je vous ai posé une question. Êtes-vous un lâche en plus d’un menteur pour perdre vos moyens devant une femme ? fit-elle d’un ton cinglant en se campant devant Smolensk.

Celui-ci recula d’un pas.

– La dame noire, souffla le petit Schwob en secouant les doigts. Elle va salement leur en faire voir !

Quelque chose se tordit dans les entrailles de Mimsy. C’était donc elle, la dame noire ? La mystérieuse créature qui avait ordonné leur enlèvement



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.